L’illusion du Laos

Couverture du livre L'illusion du Laos

Un mystérieux milliardaire recrute une jeune journaliste pour retrouver l’écrivain Fabrice Sinibaldi. Mais dans quel but ?
Sinibaldi existe-t-il vraiment ? L’homme est un rêve qui fuit. Partir à sa recherche ne mène qu’à un pays disparu : le passé. Mais celui-ci le rattrape et sous des traits plutôt troublants…
Frédéric Marinacce poursuit son œuvre sur les routes d’un mundo perdido « il y a de l’illusion dans nos nostalgies. Mon héros le sait comme personne. Il voyage à sa guise vers ce qui n’est plus avec la conscience claire de celui qui fait de sa vie un film, de sa tristesse une femme fatale. » L’Illusion du Laos est un merveilleux roman d’aventures et de destins croisés, où les ombres sensuelles de l’Asie dansent avec l’écrivain du temps qui passe.

Première page

L’appartement de Nora, rue du Laos, était un deux-pièces avec balcon, au dernier étage d’un immeuble bourgeois, propriété d’une société civile philanthropique dont le nom contenait la désuétude : « L’avenir du prolétariat ».

Nora ressentait chaque mois jusqu’au bout des doigts l’ironie troublante de faire un chèque de mille quatre cents euros à l’illusion des camarades, à la nostalgie du futur.
Elle aurait pu plus mal tomber et financer Al-Qaida ou, de manière plus excentrique, les missions des jésuites à la cour des Ming.
La jeune femme racontait souvent l’histoire de son chèque. Elle obtenait toujours un franc succès. On pensait qu’elle avait de l’humour, qu’elle ne se la jouait pas, qu’elle possédait une vision globale de la condition humaine. La représentation que les gens avaient d’elle l’honorait. Elle endossait avec aisance tous les rôles qu’on lui attribuait : de la parisienne à la beurette, en passant par la journaliste.

Quand Nora avait payé son loyer, il lui restait peu pour vivre. Le prolétariat lui prenait tout son or. Elle se débrouillait pour s’enrichir, payer les traites de sa mère à Rennes, régler ses impôts et le raisonnable nécessaire à sa vie sociale.
Elle s’habillait chez Zara rue du Commerce mais se chaussait Louboutin rue de Grenelle. C’était une créature olympienne qui en imposait par sa beauté solaire. Il était difficile de se déprendre de sa silhouette empreinte d’une sensualité orientale assumée sans excès de couleurs, en raison sans doute de son origine chamarrée, musulmane et protestante.